Concours international "Matiah Eckhard" - édition 2016
Cérémonie de remise des prix aux lauréats
La
cérémonie a été ouverte par les enfants de St Matthieu de Tréviers
(école primaire) qui ont présenté leurs créations musicales sous la
direction de Myrhiel Salim.
Ensuite c'est les jeunes collègiens d'Alès (Collège Diderot, classe de 5e) qui ont joué leur composition Les bioptimistes qui a reçu le premier prix chanson (une nouveauté cette année).
Les bioptimistes - Premier prix Chanson
Vers une poésie planétaire?
Un seul amour de Jocelyn Danga - Premier prix étudiants
Un seul soleil pour
sept milliards d’êtres
Un seul tableau pour sept milliards de peintres
Sept milliards de bâtons pour une seule flamme
Un seul paradis pour sept milliards d’âmes
Pour sept milliards de rois, un seul sceptre
Pour sept milliards de messagers, une seule lettre
Sept milliards d’étoiles pour un seul ciel
Sept milliards de couleurs pour un seul arc-en-ciel
Pour un seul jardin, sept milliards de roses
Pour une seule histoire, sept milliards de proses
Sept milliards de voix pour un seul chœur
Sept milliards de pétales pour une seule fleur
Sept milliards de mots pour une seule note
Pour une seule chanson, sept milliards de notes
Un seul silence pour sept milliards de bouches
Un seul rêve pour sept milliards de couches
Un même espoir pour sept milliards de cœurs
Un seul sourire pour sept milliards de bonheurs
O doux iris ! Il n’en sera jamais de trop
Pour chacun, sept milliards d’un seul parcours
Pour tous, sept milliards d’un seul amour
Sept milliards de doigts dans un seul anneau.
Un seul tableau pour sept milliards de peintres
Sept milliards de bâtons pour une seule flamme
Un seul paradis pour sept milliards d’âmes
Pour sept milliards de rois, un seul sceptre
Pour sept milliards de messagers, une seule lettre
Sept milliards d’étoiles pour un seul ciel
Sept milliards de couleurs pour un seul arc-en-ciel
Pour un seul jardin, sept milliards de roses
Pour une seule histoire, sept milliards de proses
Sept milliards de voix pour un seul chœur
Sept milliards de pétales pour une seule fleur
Sept milliards de mots pour une seule note
Pour une seule chanson, sept milliards de notes
Un seul silence pour sept milliards de bouches
Un seul rêve pour sept milliards de couches
Un même espoir pour sept milliards de cœurs
Un seul sourire pour sept milliards de bonheurs
O doux iris ! Il n’en sera jamais de trop
Pour chacun, sept milliards d’un seul parcours
Pour tous, sept milliards d’un seul amour
Sept milliards de doigts dans un seul anneau.
Premier prix Lycées
Dans cette boîte fermée à clé,
Est enfermé un secret.
J'ai éveillé ta curiosité ?
Je sais que tu désires qu'il te soit révélé,
Mais devine quoi…
Ce secret est tout au fond de toi,
Arrête de dire que tu ne le vois pas !
Tout le monde le connaît
Pourtant tu sembles l'ignorer…
Alors sais-tu ce que c'est ?
C'est ta force,
Ta force d'avancer
En laissant de côté ta douleur,
tes pleurs, tes peurs.
Ta force d'affronter les épreuves
Sans jamais tomber et abandonner.
Alors garde en sécurité cette clé,
Pour que jamais,
Ton secret ne te soit enlevé.
Mais n'hésite pas à le partager,
Tant de gens seraient soulagés,
De pouvoir à nouveau rire et sourire.
Ne les laisse pas partir déçus,
La vie mérite d'être vécue.
Aide-les à déployer leurs ailes,
La vie est tellement belle.
Lorsque 2015 les sépara de Mina Saintrapt
Premier prix Collèges
Lorsque 2015 les sépara
Nous croyons plus en
nos origines qu’en nos avenirs
Pleurons moins les voisins étrangers que ceux que l'on n’a point aimés.
Hésitant à aider ou à pousser la mère,
A chérir ou à buter l'enfant,
A respecter ou à lapider le père.
Les heures passent.
Les jours,
les mois,
les rires
et les pleurent passent.
et on oublie cette belle rosée,
belle mais ensanglantée qu'était cette matinée.
Pleurons moins les voisins étrangers que ceux que l'on n’a point aimés.
Hésitant à aider ou à pousser la mère,
A chérir ou à buter l'enfant,
A respecter ou à lapider le père.
Les heures passent.
Les jours,
les mois,
les rires
et les pleurent passent.
et on oublie cette belle rosée,
belle mais ensanglantée qu'était cette matinée.
Ce matin où la mère, l'enfant, le père étaient morts.
D'une balle, on leur avait ôté la vie,
Pour une quête de liberté, on les avait noyés
Et pour être restés dans leur pays, ils avaient brûlé.
Ils étaient morts.
Et c'est dans une morosité nauséeuse
que j'ai écouté la journaliste;
elle expliquait comment ils étaient morts,
pour quelle cause,
et dans quelle panique !
C'était le BATACLAN
c'était la mère Musique.
Et c'est dans un glacement de dos
que j'ai écouté les beaux parleurs,
annonçant sa lutte dans la tempête,
sa peur dans les cris,
et ses rires à tout jamais évanouis.
C'était le petit AYLAN;
c'était l'enfant des rires, tel le Petit Prince brun.
Et c'est dans des pleurs un mercredi midi
que j'ai appris par des parents dévastés
qu'ils étaient morts
pour de l'écrit mélangé à la liberté;
assassinés sans avoir eu le temps d'arrêter de rire.
C'était CHARLIE HEBDO !
C'était le père Artiste.
Alors oui,
La famille est morte,
du frère jusqu'à la mère
Tués par des djihadistes, des terroristes, des anarchistes....
Mettez-y autant de "istes" que vous voulez !
Mon seul pouvoir,
La seule chose que j'ai pu décider
dans cette histoire...
fut de choisir,
Que dans chaque Musique,
chaque Ecrit
chaque Rire
et peut-être bien dans chaque paysage admiré,
Il y aurait une pensée,
Pour le Petit Prince brun,
Pour le père Artiste,
et pour la mère Musique.
D'une balle, on leur avait ôté la vie,
Pour une quête de liberté, on les avait noyés
Et pour être restés dans leur pays, ils avaient brûlé.
Ils étaient morts.
Et c'est dans une morosité nauséeuse
que j'ai écouté la journaliste;
elle expliquait comment ils étaient morts,
pour quelle cause,
et dans quelle panique !
C'était le BATACLAN
c'était la mère Musique.
Et c'est dans un glacement de dos
que j'ai écouté les beaux parleurs,
annonçant sa lutte dans la tempête,
sa peur dans les cris,
et ses rires à tout jamais évanouis.
C'était le petit AYLAN;
c'était l'enfant des rires, tel le Petit Prince brun.
Et c'est dans des pleurs un mercredi midi
que j'ai appris par des parents dévastés
qu'ils étaient morts
pour de l'écrit mélangé à la liberté;
assassinés sans avoir eu le temps d'arrêter de rire.
C'était CHARLIE HEBDO !
C'était le père Artiste.
Alors oui,
La famille est morte,
du frère jusqu'à la mère
Tués par des djihadistes, des terroristes, des anarchistes....
Mettez-y autant de "istes" que vous voulez !
Mon seul pouvoir,
La seule chose que j'ai pu décider
dans cette histoire...
fut de choisir,
Que dans chaque Musique,
chaque Ecrit
chaque Rire
et peut-être bien dans chaque paysage admiré,
Il y aurait une pensée,
Pour le Petit Prince brun,
Pour le père Artiste,
et pour la mère Musique.
Prix attribués en 2016
Premier prix Universités (l’inscription à un établissement n’est pas obligatoire)
Jocelyn Danga Un seul
amour (Kinshasa, Congo) à l’unanimité
Premier Prix Lycées
Joséphine Ponsard Un
secret (Institut D’Alzon, Nîmes)
Premier Prix Collèges
Mina Saintrapt Lorsque
2015 les sépara (Collège Jean Moulin, Sète)
Premier Prix Chanson : Les bioptimistes,
classe de 5e5, Collège Diderot, Alès.
Récompenses : Premier prix universités: 300€, premier prix Lycées 200 €
en bon d’achat en librairie, premier prix Collèges 100€ en bon d’achat. Premier
prix chanson 200 € en bon d’achat en librairie pour la classe entière.
Le jury a voulu signaler par des
« mentions spéciales » les poèmes qui présentaient un intérêt
particulier en raison du message, du style et de leur originalité. Les jeunes
reçoivent ainsi un livre de littérature
en cadeau, une carte poétique et l’attestation du jury.
L’association adresse à tous les autres participants une attestation et une carte
poétique où figurent certains poèmes primés en 2015.
Vers une poésie planétaire?
par Angela Biancofiore
Serge Pourrowsky, dans son poème intitulé Trêve, imagine un monde sans violence, sans ennemis :
Le Jury du Concours international de poésie
« Matiah Eckhard » a reçu en 2016 environ cent vingt poèmes du monde entier : Canada, Togo,
Roumaine, Congo, Tunisie, et… de toute la France. Le prix de poésie est
désormais connu à l’étranger, notamment dans les pays francophones, grâce au
travail de diffusion effectué par l’association (sites web, vidéos en ligne),
par les membres du jury, les écrivains, les éditeurs et par les professeurs
responsables du Florilège des écrivains
en herbe francophones, M. Frédéric Miquel et Mme Marie Gola.
La nouveauté de cette année c’était
l’attribution du Prix chanson qui a
été conféré à la classe de 5e5 du collège Diderot d’Alès pour la
chanson Les bioptimistes.
Les thèmes choisis librement par les jeunes
auteurs (12-25 ans) révèlent une évolution intéressante et une nouvelle manière
d’être. Dans leurs textes les jeunes poètes soulignent l’importance de
l’inter-connection : par les média, le web et les réseaux sociaux
quelque chose a profondément changé, la manière de créer, d’écrire, de parler,
de penser des jeunes (et des adultes) s’est transformée. Le titre du poème de Jocelyn Danga (Congo) qui a obtenu le
premier prix poésie est très significatif : Un seul amour, un seul cœur, une conscience unique et multiple qui
se développe et qui évolue en étroite relation avec la terre et le cosmos.
Voici un extrait :
Un seul soleil pour
sept milliards d’êtres
Un seul tableau pour sept milliards de peintres
Sept milliards de bâtons pour une seule flamme
Un seul paradis pour sept milliards d’âmes
Pour sept milliards de rois, un seul sceptre
Pour sept milliards de messagers, une seule lettre
(Jocelyn Danga, Congo)Un seul tableau pour sept milliards de peintres
Sept milliards de bâtons pour une seule flamme
Un seul paradis pour sept milliards d’âmes
Pour sept milliards de rois, un seul sceptre
Pour sept milliards de messagers, une seule lettre
Le poète Paul Valéry comparait la prose à la marche et la poésie à la danse : par leurs
poèmes. En effet, dans beaucoup de textes on perçoit une grande sensibilité au rythme,
à toute forme rythmique, on y découvre un amour immense pour la
musique, au sens large, et en
particulier, pour la musique de la
langue.
A travers les poèmes émergent les préoccupations les plus
profondes des jeunes : un point central cette année est le refus de la violence sous toutes ses
formes (attentat, guerre civile, conflits, violence contre les femmes,
massacres engendrés par la migration).
Il est remarquable le fait que certains
poèmes sont de véritables pamphlets
contre les discriminations : ce n’est pas un hasard si l’engagement est le thème choisi cette année pour le 7e
colloque Florilège des écrivains en herbe,
qui aura lieu durant la 31e Comédie
du Livre de Montpellier (le samedi
28 mai à 10h, à la Canopée).
De nombreux auteurs qui ont participé au
concours célèbrent le bonheur de
l’instant : la joie de l’été qui arrive, la douceur du printemps, la
beauté de la rose révélant la beauté du monde, le bonheur d’être ensemble. Ainsi nous voyons clairement le lien avec
les poèmes de Matiah, qui arrivait à apprécier chaque instant, malgré la
souffrance, et qui vivait de manière profonde la joie de l’amitié. C’est
surprenant ! Les jeunes ont une perception formidable… ils arrivent
clairement à ressentir l’esprit qui anime notre concours poétique.
Un grand merci aux enseignants qui ont
montré un véritable « engagement » sur le terrain de la poésie :
souvent les élèves de lycée et de collège n’osent pas envoyer leur poème, c’est
pourquoi un petit mot d’encouragement du professeur peut les aider à passer à
l’acte. Et alors c’est un plaisir que d’entendre : « ça y est, madame, je l’ai fait, j’ai envoyé
mon poème ! »
Le jury remercie vivement Mme Mariline
Pascaud Ristori, Professeur d’Italien à l’Institut d’Alzon de Nîmes, pour avoir
soutenu les élèves qui ont participé au concours et pour avoir effectué un vrai
travail d’édition : puisque ses élèves ont exprimé le désir de traduire le
livre de Matiah en italien, elle a fait de cette initiative un véritable projet collectif. L’ouvrage a été publié
par les éditions Levant et il sera présenté à la Comédie du livre le dimanche 29 mai à 15h sur le stand de Florilège (Esplanade).
Pour leur
action pédagogique en faveur de la
création poétique, le jury du concours adresse un remerciement particulier
à Mme Annette Bénéfice, Professeur
de Lettres au collège Jean Moulin de Sète, aux enseignants qui ont coordonné le
travail de composition de la chanson Les
bioptimistes du collège Diderot d’Alès (Mme Evelyne Devesse, Professeur de Lettres, Mme Corinne Marc, Professeur de Musique, M. Pierrick Touguet, Professeur d’Histoire-géographie), à Mme Isabelle Mounime, Professeur de Lettres
au collège « Ray Charles » de Fabrègues et à Mme Rosanna Primon, Professeur d’Italien (lycée « Joliot
Curie » de Sète) qui nous a envoyé des poèmes en français et en langue
italienne.
La poésie : désir de parole, désir de
partage
Autour des poèmes qui ont reçu une mention spéciale du
jury
Les jeunes poètes ont
montré un engagement profond, ils nous invitent, par leurs textes, à méditer
sur les ravages de la violence, ils nous montrent qu’on peut avoir le courage
de rêver et de croire en un monde meilleur :
Daniel Aziabor, un
jeune du Togo, nous envoie un poème bouleversant sur la guerre civile en
Afrique :
Frère, pourquoi me persécutes-tu?
On est du même arbre
Fils de la même savane
Avant c'était le colon disait-on
Aujourd'hui, c'est nous-mêmes, frère
On est du même arbre
Fils de la même savane
Avant c'était le colon disait-on
Aujourd'hui, c'est nous-mêmes, frère
Un autre cri se lève de Tunisie contre les
luttes fratricides, c’est une jeune fille, Rihab
Tammar, qui s’exprime ainsi :
Un autre martyr s'ajoute à la liste.
Un ange a disparu à cause des djihadistes.
Ce n'est pas assez? Mettons fin aux tueries!
Le terrorisme n'a pas de place en Tunisie!
Un ange a disparu à cause des djihadistes.
Ce n'est pas assez? Mettons fin aux tueries!
Le terrorisme n'a pas de place en Tunisie!
(Hommage
à Mabrouk Soltani)
Serge Pourrowsky, dans son poème intitulé Trêve, imagine un monde sans violence, sans ennemis :
Cédons à la tentation d'un imaginaire
Où nous reposerions hors de la guerre
Un univers où l'amour n'aurait pas de fin,
Où la grâce nous toucherait enfin !
Gagnants ou perdants, nous rêverons de grandeur
Désarmés et dépourvus d'ennemi.
Nous avancerons vers la nouvelle patrie
Bâtie sur notre incoercible candeur.
En effet, la force de ces auteurs réside dans leur
imaginaire, dans leur capacité de croire,
avec « candeur », à la nouvelle
patrie. Loin des regards blasés, voire indifférents, loin des stéréotypes
médiatiques, les jeunes poètes ont envie de ré-inventer leur langue.
Yaël Ciancilla, jeune lycéenne de
Montpellier (Lycée J. Monnet), lance un cri d’alerte et prend position contre la violence. Ses
mots sont particulièrement attentifs à l’invisible souffrance des animaux sur
laquelle notre société est bâtie :
Tant qu’il y aura des syndromes diagnostiqués,
Tant qu’il y aura des tueurs, des détraqués,
Tant qu’il y aura, au fer, du bétail marqué,
Tant qu’il n’y aura plus d’amour communiqué,
Tant qu’il n’y aura pas le droit de répliquer,
Il y aura des poètes pour le revendiquer.
(Tant qu’on ne comprendra pas)
En quelque sorte, les jeunes poètes ressentent
la nécessité de prendre la parole afin de révéler leur monde intérieur : ainsi
Manon Nafraicheur (Institut D'Alzon, Nîmes) arrive à trouver les mots, malgré
la souffrance, pour décrire ce qui se produit dans son esprit :
L'angoisse est un ver insatiable
Hurlant des lettres illisibles,
Elle cultive l'enfer dans mes veines,
Perçant un sillon dans mes plaies béantes,
Arrachant mon cœur, si sereine,
Écumant mon sang, terrifiante
Infection, alchimiste du chaos,
Rongeant mon souffle et brisant tous mes os.
(Malepeur)
Hurlant des lettres illisibles,
Elle cultive l'enfer dans mes veines,
Perçant un sillon dans mes plaies béantes,
Arrachant mon cœur, si sereine,
Écumant mon sang, terrifiante
Infection, alchimiste du chaos,
Rongeant mon souffle et brisant tous mes os.
(Malepeur)
On dirait que dans les poèmes une transformation s’opère : l’observation des états de la
conscience devient la première étape d’un chemin vers la conquête de
l’équilibre intérieur, tandis que la souffrance nous aide à reconnaître le
bonheur véritable.
Maureen Burlot, nous invite à la réflexion, elle ose briser le silence et arrive à trouver
la voix juste pour exprimer, en poésie,
sa douleur, son envie de trouver refuge :
Il y a de terribles vérités qu'il vaut mieux chanter.
Des mots et des voix qui d'ironie sont teintés.
J'ai trouvé dans mon long séjour solitaire,
Un endroit où me réfugier, en marge, un repos solaire.
(Il faut fuir le monde des
hommes).
Manon Saturnino, dans un poème particulièrement actuel sur le rapport entre monde virtuel et monde réel, exprime son
désir d’un espace authentique où l’esprit
pourrait retrouver sa véritable demeure :
L'éphémère
parfois me fait si peur
Je ne
veux plus être l'esclave des heures
Qui
semble m'avoir fait devenir un automate
Comme
si une horloge se trouvait dans mon dos entre mes omoplates
Juste
une marionnette ensorcelée
Liée à
des rouages invisibles et mécanisés
Ce
tic-tac incessant s'entrechoque dans mon esprit
Il doit
y avoir bien plus dans cette vie
Une autre jeune
étudiante, Mélissa Pagès, bâtit avec enthousiasme dans son texte un
véritable hommage aux poètes de tous les temps car ils/elles ont la capacité de
toucher le cœur des êtres :
Toi le mort depuis 100 ans, toi la censurée d'il y a
2500 ans, toi l'ami, toi séparé.e par l'océan, toi le professeur, toi l'amante,
toi la mère, le grand-père, et vous tous qui ne savez pas, peut-être pas
encore, quelle poésie vivote dans n'importe lequel de vos choix et de vos
élans. Toi qui me touches par toutes les mains du vivant.
(A chaque poète que j’ai croisé).
(A chaque poète que j’ai croisé).
La poésie de certains lycéens est imprégnée d’une respiration
cosmique : une sorte de conscience élargie de l’univers où l’espace et le temps
sont abolis, où les sentiments peuvent trouver un autre essor :
L’infini nous réussit
Sache que tu m’as mis
Une folie inouïe
Une pensée
Celle de t’aimer
Jusqu’à ce que l’éternité
Soit à notre portée.
(Louis Bérard, Lycée Joliot Curie Sète.)
(Louis Bérard, Lycée Joliot Curie Sète.)
Avec Emmanuel Hetsch, le lecteur
se laisse bercer par le rythme régulier du sonnet qui célèbre un instant de
ravissement, au point culminant où la conscience individuelle et l’esprit universel
convergent :
Rien ne vaut un instant se sentir solitaire,
Écouter le silence, entendre les bois sourds Et laisser son cœur battre au rythme des tambours, Sentir la nature, respirer le grand air,
Marcher seul sans un bruit, regarder les étoiles
Brillant de mille feux, éclairant mon chemin... C'est la nuit qui me guide et me prend par la main
Pour m'emmener en mer, élevant sa grand-voile.
Je poursuis ma route sans savoir où je vais. J'étais maître de moi, je deviens le valet : Le ciel sombre me mène à des milliers de lieux. Nous sommes en osmose dans cet horizon noir ;
Ma confiance est aveugle, et ne peut plus y voir :
C’est en fermant les yeux que l’on y voit le mieux !
|
Emmanuel Hetsch (Strasbourg)
La poésie des collégiens arrive bien à célébrer le bonheur de
l’instant : ainsi, le poème peut jouer un rôle essentiel, celui de mettre
en évidence les moments de joie et d’engendrer, par sa lecture, une joie durable :
Dans ce monde bleuté, une vie apparaît
Des êtres crissent, glissent dans cette beauté
effrayante, mais assez étrange en ce lieu.
Mais, au-dessus de ce vacarme silencieux,
Les astres flamboyants brillent de mille feux,
Un enfant s'endort en contemplant les Étoiles.
(Alexandre André, La lumière et
l’obscurité, collège Ray Charles, Fabrègues)
Une sorte d’émerveillement est
exprimé par les jeunes auteurs face à la beauté de la nature, ce même sentiment
qui est à l’origine de toute une tradition poétique, en particulier la poésie
lyrique :
La rose quitte sa douce somnolence,
S’ouvre, s’étire et
Se met à danser
Au gré du vent qui souffle
(Victoire Soulier La rose,
Collège D’Alzon)
Le jeune collégien Nascimo Kerharo, dans son poème Cinq jours, d’un ton presque biblique rappelant la Genèse,
exprime un intense sentiment de bonheur :
Le quatrième jour, je vis une forêt
Je me promenais, écoutais, regardais, sentais
Je fis un feu, dans sa chaleur j'étais joyeux !
Le cinquième jour, je vis le paradis
Il y avait des anges, le vieil homme, la mer, la forêt et les montagnes
enneigées
C’était ma vie, c’était magique !
La lecture des poèmes reçus nous amène à penser que l’écriture poétique a
le pouvoir de ré-enchanter le monde,
elle arrive à sculpter notre esprit. Cependant, lorsque la conscience de la
mort et de la maladie apparaît, la poésie est toujours là, chez les jeunes,
pour mettre des mots sur l’indicible :
Quand la vie s'en va
Quand un oiseau ne revient pas
La tristesse t'envahit
Et fait entrer la maladie
Plus de mots pour te bercer
Mais les larmes continuent de couler
Et je te promets d'avancer
Pour te guider vers la pureté
(Nathan Cohen, La Mort, 3e
Collège Ray Charles, Fabrègues)
En 2015, les attentats à Charley Hebdo et au Bataclan, ont fortement touché
les jeunes générations : au fond, ces événements les ont conduits à
prendre conscience de l’importance de vivre en paix, tous ensemble, malgré les différences :
Maman.
Ce vendredi treize novembre,
je suis rentrée dans cette salle bruyante,
et j'ai dansé maman.
Maman, je viens te dire que les notes se sont tues, mais que la musique continue
Ce vendredi treize novembre,
je suis rentrée dans cette salle bruyante,
et j'ai dansé maman.
Maman, je viens te dire que les notes se sont tues, mais que la musique continue
(Pauline Hautot, collège St. Joseph, Montferrier)
La musique et la poésie des jeunes poètes continuent, malgré la violence et
la peur, car en écrivant et en partageant un poème, on est tous ensemble. Les auteurs nous font comprendre quelque chose
d’essentiel, nous sommes tous unis dans un même destin, sur une terre qui est
en danger. La chanson qui a reçu le premier prix, Les bioptimistes, est un cri
d’alerte lancé aux « présidents de la planète » :
Les jeunes sont là pour nous rappeler que nous appartenons tous à une seule
conscience planétaire, c’est pourquoi la poésie du futur célèbre l’amour
universel :
Un seul silence pour
sept milliards de bouches
Un seul rêve pour sept milliards de couches
Un même espoir pour sept milliards de cœurs
Un seul sourire pour sept milliards de bonheurs
O doux iris ! Il n’en sera jamais de trop
Pour chacun, sept milliards d’un seul parcours
Pour tous, sept milliards d’un seul amour
Sept milliards de doigts dans un seul anneau.
Un seul rêve pour sept milliards de couches
Un même espoir pour sept milliards de cœurs
Un seul sourire pour sept milliards de bonheurs
O doux iris ! Il n’en sera jamais de trop
Pour chacun, sept milliards d’un seul parcours
Pour tous, sept milliards d’un seul amour
Sept milliards de doigts dans un seul anneau.
Un grand merci à
Jocelyn Danga et à tous les jeunes poètes qui ont participé au concours de poésie
pour avoir si bien exprimé notre véritable inter-relation,
notre manière d’inter-être !
Nessun commento:
Posta un commento