domenica 24 luglio 2016

Le pur son du monde

préface au livre de Matiah 
Lontani canti sacri di dove sono nato
Edition Levant, 2016

par Angela Biancofiore


   Comme de petites gouttes de lumières sur la page, Matiah a distillé son parcours poétique. La douleur a rendu précieuse la vie, la maladie a ajouté de la valeur à la lumière du soleil, à la main d’un ami, à un regard d’amour.
   Poèmes pleins de lumière, qui jaillissent d’une intimité obscure où des forces incommensurables se heurtent pour plier la vie du corps.
     La parole se dresse, au-dessus de la douleur physique, pour rappeler son appartenance à quelque chose d’éloigné et d’indéfini : lointains chants sacrés.
    Une parole qui devient de plus en plus consciente de son chant secret, lorsque la pensée poétique explore la pure présence au monde.
    Dans les poèmes, comme de pures gouttes de lumière, nous pouvons percevoir quelque chose qui va bien au de là de leur sens ordinaire, quotidien.
    Nous assistons à un formidable effort de l’esprit tendu vers sa réalisation : l’auteur nous invite à lire profondément, afin de conquérir le secret, l’intime fruit qui se cache dans la coque du langage.
    Sous la peau éraflée des mots, nous retrouvons un horizon immense, sans limites, « que l’entendement humain n’a pas eu le temps de salir», et la lecture, tel un chemin initiatique, nous guide vers un espace ouvert que nous avons perdu et – pendant un moment – oublié.
    Nous pénétrons, avec le poète, dans une sphère de vie au-delà du temps et de l’espace, où le monde s’exprime uniquement dans un échange continu de matière et d’énergie.
    Le poète entend se relier à cette vision du monde, où le passé et le futur ont perdu leur raison d’être, où seulement existe le présent de la conscience.
    Dans cette dimension nouvelle, le moi se dissout pour s’ouvrir à l’autre, dans un mouvement ininterrompu de radicale générosité :

se donner à boire à l’univers
s’imaginer dans le don de soi à l’extérieur de nous-mêmes.
Alors je suis cette eau qui jaillit sans cesse de la roche
sous la lumière harmonieuse. 

 
Matiah, profondément poète et musicien, réalise la pleine présence puisqu’il arrive à percevoir le monde comme résonance :
 

Ainsi je vibrerai en harmonie avec l’univers
Je deviendrai une corde unique
mais accomplie dans la lyre cosmique.
Ne faire plus qu’un avec le Cosmos .

 

    Voici l’acte suprême : la parole exprime, de manière concise et sublime, le geste de libération de l’attachement au corps et au moi.
    La poésie de Matiah se révèle comme un don précieux, si nous avons le courage de lire en profondeur et d’accomplir  en nous cette transformation qui nous conduit  à la pure présence.
    Libres des concepts, nous pouvons enfin entendre le pur son du monde.

 



 

Les poèmes de Matiah en italien

Lontani canti sacri di dove sono nato : c'est le titre du livre de poèmes de Matiah en italien qui vient de paraître publié par les éditions Levant, 2016 (editions.levant@gmail.com).
Nous publions ici la préface de Angela Biancofiore aux poèmes de Matiah Eckhard traduits en italien par les élèves du Lycée d'Alzon de Nîmes.




Il puro suono del mondo
di Angela Biancofiore

Come piccole gocce di luce sulla pagina, Matiah ha distillato il suo percorso poetico. Il dolore gli ha reso la vita preziosa, la malattia ha aggiunto valore alla luce del sole, alla mano di un amico, ad uno sguardo d’amore.
Poesie piene di luce, che sgorgano da un’intimità oscura dove forze incommensurabili si scontrano a piegare la vita del corpo.
La parola si erge, al di sopra del dolore fisico, per ricordare la sua appartenenza a qualcosa di remoto e non ben definito : « lontani canti sacri ».
Una parola che diventa sempre più consapevole del suo canto segreto, quando il pensiero poetico esplora la pura presenza al mondo.
Nelle poesie, come pure gocce di luce, possiamo percepire qualcosa che va al di là del loro senso ordinario, quotidiano.
Assistiamo ad un poderoso sforzo dello spirito teso verso la sua realizzazione : l’autore ci invita a leggere dentro, ci spinge a conquistare il segreto, l’intimo frutto nascosto dentro al guscio del linguaggio.
Sotto la pelle scalfita delle parole, ritroviamo un orizzonte immenso, senza limiti, « non inquinato dall’intelletto umano »,  e la lettura, come cammino iniziatico, ci guida verso uno spazio aperto che abbiamo perso e - per un attimo - dimenticato.
Ci addentriamo, assieme al poeta, in una sfera di vita oltre il tempo e lo spazio, dove il mondo si esprime essenzialmente come scambio continuo di materia ed energia.
Il poeta intende collegarsi a questa visione del mondo, dove passato e futuro perdono la loro ragion d’essere, e dove soltanto esiste il  presente della coscienza.
In questa nuova dimensione, l’io si dissolve per aprirsi all’altro, in un movimento ininterrotto di radicale generosità :

« dare se stessi come acqua da bere all’universo
immaginarsi nel dono di sé fuori da noi stessi.      
Allora sono io quest’acqua che sgorga incessantemente dalla roccia
sotto la luce armoniosa. »

Matiah, profondamente poeta e musicista, vive la piena presenza poiché riesce a percepire il mondo come risonanza :

« Così vibrerò in armonia con l’universo,
diventerò una corda unica
ma compiuta nella lira cosmica.
Diventare un tutt’uno con il Cosmo ». 

Ecco l’atto supremo : la parola esprime, in modo conciso e sublime, il gesto di liberazione dall’attaccamento al corpo e all’io.
La poesia di Matiah si rivela come dono prezioso se abbiamo il coraggio di leggere dentro e di operare su di noi quella trasformazione profonda che ci permette di giungere alla piena presenza.
Finalmente liberi dai concetti, possiamo prestare ascolto al puro suono del mondo.